Elections législatives : où sont les réformes économiques ?

À la suite des résultats des élections législatives du 19 juin, le parti de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron n’obtient pas la majorité absolue, c’est-à-dire 289 sièges. Dès lors se pose la question du moyen de faire passer les réformes dans un contexte où aucune majorité claire ne se distingue. Le gouvernement devra faire des alliances pour faire passer les réformes ayant un fort impact sur leur contenu.


Le thème du pouvoir d’achat monopolise le débat sur les réformes économiques à mener

La campagne législative n’a pas permis de faire émerger de nombreux sujets économiques à part celui du pouvoir d’achat et de l’inflation. Le gouvernement a mis en œuvre depuis plusieurs mois de nombreuses mesures anti-inflation (aides financières, aides énergétiques) afin de limiter la perte de pouvoir d’achat des ménages. Ces mesures sont coûteuses et peu efficaces économiquement car en Europe, l’inflation est énergétique et importée. Néanmoins, ces mesures permettent de soutenir la consommation intérieure qui a reculé au premier trimestre ; moteur de la croissance française. 

Mis à part les mesures d’aide au pouvoir d’achat, il est légitime de se demander « où se trouvent les propositions de réformes économiques ? ».


La réforme des retraites a peu de chance d’aboutir

Une des principales réformes de la majorité présidentielle demeure le passage de l’âge de départ à la retraite de 62 à 65 ans au regard des réformes développées chez nos partenaires européens. Ce report de l’âge de départ aurait permis de donner plus de latitude financière à l’Etat afin de financer des investissements d’avenir ou encore la transition écologique. Avec la configuration de la nouvelle Assemblée Nationale, il sera difficile de faire des alliances car la majorité des partis de l’opposition se prononce contre cette réforme. 

Ces partis préparent également la prochaine mandature et ne souhaitent pas perdre du capital politique en votant cette réforme impopulaire. Une autre réforme concerne la souveraineté économique de la France et la compétitivité de l’industrie. Le plan « France relance » prévoyait la baisse des impôts de production de 10 milliards d’euros par année. Cette réforme pourrait être révisée et demeurer moins importante que prévu. 


Mener des réformes économiques crédibles vis-à-vis de nos partenaires européens

L’Allemagne a été très attentive aux résultats des élections législatives françaises. Dans une situation post-covid où la dette publique française atteint 114% du PIB en 2022 et le déficit public 5,3%, les réformes économiques de la nouvelle mandature sont très attendues au niveau européen. La réforme des retraites était un emblème car rassurait sur la trajectoire de soutenabilité des finances publiques. 

Dans un contexte de hausse des taux de la banque centrale européenne au mois de juillet et de septembre, la question de l’assainissement budgétaire est centrale. De premiers signes apparaissent déjà sur les marchés financiers de hausse des taux obligataires de pays tels que l’Italie. Ainsi, les réformes économiques menées par la France seront une garantie de sérieux budgétaire auprès de nos partenaires européens. L’absence de majorité absolue du gouvernement atténue les marges de manœuvre. 


Le projet de loi de finances s’annonce difficile

En présence du morcellement des parties à l’Assemblée et des réformes économiques complexes à mettre en œuvre par l’exécutif faute de majorité absolue, le vote des lois et notamment du projet de loi de finances s’annonce complexe. Dans un contexte de stagflation et d’une croissance économique faible, les conditions d’emprunt sur les marchés financiers risquent de se tendre contraignant le gouvernement à mettre en place une politique budgétaire plus restrictive signifiant la fin « des chèques inflation ». Quelle réforme économique émergera alors ? Tel sera le défi du gouvernement pour les prochains mois.